Claire a participé aux JMJ de Cologne avec Juventutem, délégation de catholiques attachés au rite traditionnel. Elle a envoyé au jour le jour au Salon Beige les pages de son carnet de route : les voici regroupées.
Mardi 9 août
Une joyeuse animation règne autour des quelques 400 jeunes de Juventutem qui partent de Paris. Ils sont jeunes, très jeunes, autour de 18 ans en moyenne. 5 séminaristes béninois et un kenyan sont là, un peu fatigués par leur voyage. Flottent les soutanes blanches et noires des nombreux prêtres, religieux et séminaristes qui nous accompagnent. Rapidement les groupes s'organisent, reconnaissables aux rubans noués aux gros sacs : rassemblement saint Padre Pio, route saint Georges de l'Association Scoutisme Résurrection, chapitre sainte Madeleine, route saint Maximilien du chapitre saint Martin.
Après un retard règlementaire, on grimpe dans les cars en une joyeuse bousculade. Une terrible nouvelle vient briser l'euphorie : une jeune cycliste d'une route Paris-Cologne est morte dans un accident de la circulation. Beaucoup la connaissaient. Que la Volonté de Dieu soit faite ; mais qu'Il nous donne la force de l'accepter.
On tente de s'installer tant bien que mal pour dormir. Après quelques heures inconfortables et froides, l'aube nous surprend au milieu des houblonnières d'Alsace, noyées dans le brouillard.
Mercredi 10 août
Enfin, après 11h de voyage, nous voici arrivés en Bavière, à Ottobeuren. Cette bourgade abrite une grandiose abbaye cistercienne. La visite de l'abbatiale nous console de la longueur du trajet. La nef, immense et lumineuse, est couverte de fresques baroques. C'est le triomphe de la ligne courbe, du stuc doré, de l'angelot joufflu.
Un premier enseignement nous est donné pour lancer le thème de ces JMJ : "Nous sommes venus L'adorer" , thème qui rappelle les Rois Mages dont les reliques sont conservées à Cologne et l'esprit que notre vénéré Pape Jean-Paul II voulait donner à ces rassemblements. Il voulait mettre l'accent sur la contemplation intérieure du Dieu-Hostie. Cette méditation relie l'attitude des Mages à la liturgie traditionnelle: la prosternation et l'offrande de présents, aussi splendides qu'inutiles pour un nouveau, rappellent la magnificence de l'action liturgique qui éduque l'attitude intérieure des fidèles. Elle souligne l'importance du latin, langue sacrée, catholique, c'est à dire universelle, qui permet de prier le Seigneur una voce.
Et la messe pontificale d'ouverture dans l'abbatiale en est un magnifique exemple: monseigneur Riffan, évêque de Campos au Brésil, qui la célèbre, s'adresse aux fidèles de tous les continents en latin: "carissimi fratres", puis donne son semon en sept langues successives. Chacun s'entend dire dans son propre langage la beuté et l'importance de la Messe. Nous retenons notre souffle quand les petits Chanteurs de Saint charles et la Juventutem Pilgrims Choir, chorale internationale de très haut niveau, dirigée par Richard Llewellyn*, exécute la Messe du Couronnement de Mozart.
Après la messe, les participants du rassemblement sont organisés en équipes d'une dizaine de personnes, tandis que ceux des routes s'apprêtent au départ. Ils nous rejoindrons plus tard. Au programme pour eux, marche et enseignement au milieu des magnifiques paysages de Bavière. Quant à nous, le rassemblement Saint Padre Pio, nous gagnons le camp situé à une centaine de mètres du séminaire de la Fraternité de Wigratzbad. L'équipe 1 dont je fais partie à la joie de servir des spaghettis bolognaises "dans toutes les langues". Fous-rires garantis. Une extraordinaire bonne humeur règne, portée par les séminaristes et les prêtres. Quand vient l'heure du coucher, personne ne rechigne à se glisser dans son sac de couchage sous la glaciale lueur des étoiles de Bavière. *Erratum : un lecteur nous précise que l'ensemble était en fait dirigé par Jean-François Bétis, chef de choeur des Petits Chanteurs de Saint-Charles.
Jeudi 11 août, Lindau
Aujourd'hui Juventutem porte ses pas à Lindau, station nautique élégante et charmante qui offre au regard un magnifique plan d'eau au pied des montagnes : le Lac de Constance.
La Messe est célébrée par l'Abbé Guillard de l'Institut du Christ Roi, visiblement très ému. La liturgie déploie ses fastes bien plus sobrement qu'hier dans cette belle église baroque construite à deux pas d'un temple protestant, ancienne église gothique passée à la Réforme. Le Baroque est vraiment l'arme artisitique de la Contre-Réforme.
La magnificence du décor s'accordait parfaitement au sermon: il préparait les coeurs à assister à la Messe en vérité et à se laisser pénétrer par la signification des gestes pour vivre la messe avec foi.
Les participants sont partagés par âge. Les plus âgés sont instruits par le frère Alb ert des Dominicains de Chéméré. Sa brillante démonstration s'appuyant sur Vatican I et l'encyclique Fides et Ratio, montre que l'Eglise, entre fidéisme (primat de la foi) et rationalisme (primat de la raison) tient une délicate ligne de crête où la Raison apporte les fondements que la Foi vient purifier et approfondir. L'Eglise laisse à la Raison ses domaines propres où elle peut s'épanouir et la Foi vient apporte la Vérité ultime que la Raison recherche. Foi et Raison, loin de s'opposer, se rendent mutuellement service.
Pour le déjeuner, les participants s'égayent pour pique-niquer sur les bords de l'eau. Les conversations permettent de lier connaissance et de renforcer l'amitié au sein des équipes. En fin d'après-midi, de retour à Wigratzbad, diverses conférences au choix sont proposées : les fins dernières, l'éducation, témoignage de convertis... Tous apprécient la proximité des prêtres et séminaristes qui partagent nos activités et répondent à nos questions. Au dîner : sachet pique-nique n°2 qui ne soulève que peu d'enthousiasme pour nos papilles françaises.
Une Heure Sainte à Lindenberg clôts la journée : "Nous sommes venus L'adorer" , nous sommes venus nous sanctifier auprès du Seigneur et mieux Le connaître.
La nuit, l'adoration perpétuelle nous est proposée. Toute la nuit des jeunes se relaient devant le Saint Sacrement.
Vendredi 12 août : balade en Bavière
La journée commence bien, et pas trop tôt (7H30), surtout pour les filles qui ont déménagé et dorment dans des dortoirs au chaud et au sec !
La Messe à Wigratzbad est célébrée selon le rit dominicain par le Révérend Père Louis- Marie de Blignières, Prieur de la Fraternité Saint Vincent Ferrier. Comme il est bon de profiter des premiers rangs pour pénétrer la splendeur d'une Messe Solennelle admirablement servie par les frères de sa communauté. Ce rit, plus ancien que le rit tridentin présente quelques différences: célébrant remplissant le calice à la banquette, rôle accrû des diacre et sous diacre, absence de réponse des fidèles après l'épitre l'évangile et l'Orate Fratres... L'homélie, vigoureuse, nous propose une sainte insurrection contre 3 maux qui dévorent notre siècle: dictature de l'argent, du succès et du paraître, violence fallacieuse des médias, civilisation du plaisir et de la facilité. A ces trois attaques contre la volonté, l'intelligence et les sens: le Révérend Père de Blignières, propose l'adoration qui guérit de l'égoïsme et ouvre les coeur à la gratuité de l'Amour de Dieu.
Après la messe, sa conférence sur l'Incarnation enflamme les jeunes. Avec son style propre, direct et poétique à la fois, il nous fait énergiquement prendre conscience du mystère démesuré qu'est l'Incarnation où Dieu s'incarne pour assurer une nature humaine. Il insiste sur l'originalité de la figure du Christ, vrai homme et vrai Dieu, qui rend toute sa dignité à l'homme.
Au programme de la journée: château de Neuschwanstein, construit par Louis II de Bavière, pique-nique par équipe au bord du lac, topo improvisé sur l'éminente beauté de la Vierge Marie, promenade dans les bois ... Le soir, deuxième instruction au choix des participants. La bonne humeur vient à bout de tout: fatigue, contre-temps ... et même du terrible sachet pique-nique. Et bonne nuit à tous...
Samedi 13 aout 2005. Lindenberg et Weingarten.
Le trajet pour Lindenberg nous permet d'admirer les douces collines de Bavière couvertes de verts paturages où broutent paisiblement des vaches à la robe cuivrée. Nous sommes en plein pays d'Heidi et de Sissi... Les marques de catholicisme sont partout présentes. Calvaires, chapelles dans les moindres hameaux, fresques au thème religieux sur les murs des maisons, et sur le linteau des portes une inscription ou se distinguent "C.M.B.", initiales des noms des trois Rois Mages.
Monseigneur Haas, Evêque de Vaduz, célèbre la Messe Pontificale. Son visage paternel et emprunt de bonté s'accorde parfaitement à l'adresse inaugurale de son sermon. "Mes très chers enfants". Il évoque la prière au bas de l'Autel: " Ad deum qui laetificat juventutem meam", qui a donné son nom à notre organisation. Il rappelle toutes les raisons que nous avons de nous réjouir depuis notre enfance et s'attarde sur le don magnifique qui nous a été fait: la Foi. A la sortie de la messe, gigantesque photo de famille!
L'après-midi Juventutem propose pour ceux qui le souhaitent l'adoration des reliques du Saint Sang du Christ conservées à l'Abbaye de Weingarten. Un séminariste, l'abbé de Cazenove, nous fait méditer les mystères douloureux du chapelet devant les reliques, situées derrière une vitre dans le Maître-Autel. En présence de ce précieux témoignage de l'Amour du Christ qui a offert sa vie pour nous, comment rester insensible a ces paroles : "l'Eglise se meurt, tout le monde dort et vous, qu'allez-vous faire pour le Christ ?" Ces gouttes de sang, repandues pour nous, nous invitent à répondre au cri d'amour du Christ qui a soif de nos âmes, et surtout soif d'âmes qui lui soient entièrement consacrées. Qu'ils sont vrais, ces propos: "Qui donnera la communion à vos enfants?" La prière se fait fervente pour que Dieu envoie des ouvriers à sa moisson, chaque jour plus abondante.
A la sortie de l'abbatiale, un clin d'oeil providentiel pour la fervente jacquaire que je suis: Weingarten-Santiago 2 000 km! Une promenade de santé pour qui a la Foi... Un discret rappel que l'existence n'est qu'un chemin vers le Ciel. Homo viator en exil sur cette terre, sur la Route du Paradis. E ultreia!
Le soir, voici la très attendue veillée internationale. Les délégations des divers pays "allument le feu" sous la grande tente: les anglophones interprètent des chants catholiques du temps des heures sombres des persécutions, les Suisses expliquent avec humour que tous ne sont pas fils de banquiers, et que la Suisse ne se résume pas aux vaches Milka et aux coucous. Les Béninois nous entraînent avec leurs danses traditionnelles aux rythmes saccadés et remportent un triomphe. La palme revient de droit à Mgr Rifan qui s'essaie sous des délires d'applaudissements à l'accordéon: ambiance garantie! L'assistance reprend avec fougue "Alouette, gentille alouette" ou "Malbrough s'en va en guerre" (de bonne guerre après notre fort peu diplomatique" 31 du mois d'août"!) Les séminaristes participent à la franche gaité générale: l'un nous apprend un ban miné qui devient un "tube" dans le rassemblement, tandis qu'un autre sort son briquet, bientôt imité par tous les jeunes. Mémorable veillée qui soude les nationalités représentées!
Dimanche 14 août 2005 : Wigratzbad
Dimanche : Jour du Seigneur.
Monseigneur Rifan, qui célèbre la messe, développe avec force la première allocution de Benoit XVI: "N'ayez pas peur, ouvrez tout grand les portes de vos coeur au Christ." Il nous transmet avec enthousiasme l'invitation pressante du Pape à la sainteté. "Il ne vous prend rien, il vous donne tout." Si l'on consacre sa vie au Christ, il saura bien nous rendre heureux. L'Eglise a un besoin pressant de saints aux divers charismes pour la nouvelle évangelisation toujours plus urgente. Devant un auditoire si jeune, plaise au Ciel que cet appel recoive des réponses généreuses.
Pour prolonger ce sermon, l'Abbé de Malleray donne une conférence sur Karl Leisner, jeune séminariste allemand qui a passé 6 ans de diaconat au camp de Dachau. Ordonné en détention avec tout le faste possible (tous les ornements et objets liturgiques qui avaient été confectionnés par les prisionniers sont encore visibles au carmel de Dachau), trop faible, il ne célèbre qu'une seule Messe en décembre 1944 et meurt de tuberculose en août 1945. Quel exemple de courage et quel modèle d'identification au Christ!
L'apres-midi: quartier libre pour la prière, l'adoration, la confession, la direction spirituelle. La pluie se met à tomber à verse, et comme dit un séminariste de Wigratzbad "ici il ne pleut pas tous les jours mais seulement très souvent, et le reste du temps il neige." Les 15 degrés locaux sont donc bien de saison. Les routes nous rejoignent trempées et epuisées, mais le visage et le coeur bronzés. L'enthousiasme est palpable. La population de Wigratzbad augmente d'environ 200 joyeux lurons.
L'abbé de Malleray expose avec finesse et persuasion les fondements du légitime attachement des communautés Ecclesia Dei à la Messe traditionnelle.
Au dîner(notre dernier à Wigratzbad), c'est l'occasion de remercier bruyamment ceux par qui le rassemblement a été rendu possible: le service d'ordre, nos gentils "Schtroumpfs" ainsi nommés à cause de leur traditionnel gilet bleu 'layette", Herr Müller, le maire de ces lieux, Theresa, notre correspondante locale de charme et l'abbé Sébastien Leclere, en charge de l'organisation matérielle sur place, qui cache son efficacité discrète derrière ses petites lunettes ronde et sa gentillesse malicieuse. Nous devons à son lever extrêmement matinal un café digne de ce nom et le service d'ordre reconnaissant le porte en triomphe.
Une heure sainte clôt la journée. Le Pere Augustin, Chanoine Régulier de la Mère de Dieu, par sa méditation pendant l'exposition du Saint Sacrement nous fait pénétrer plus avant dans l'adoration. Les minutes passent paisibles et recueillies. Qu'il est doux alors de rester au pieds du Seigneur pour le remercier de toutes les grâces dejà reçues.
15 Aout 2005: Assomption de Notre Dame. En route vers Cologne.
Réveillé à 4 heure du matin, Juventutem peut dès l'aurore célèbrer l'Assomption de la Vierge Marie.
Dans les cars, ambiance ensommeillée. Il faut bien rattraper le retard... Les plus jeunes rassemblent leurs forces pour chanter. Le prêtre qui nous accompagne nous fait mediter le Chapelet.
Vers 16h00 nous atteignons notre lieu d'hébergement à Düsseldorf: un lycée. Pour le dîner, nous faisons connaissance avec notre paroisse d'accueil, Saint Antoine, encadrés par les gentils Volonteer au tee-shirt rouge. La Messe solennelle de l'Assomption est célébrée avec faste et ferveur par le provincial de l'Institut du Christ-Roi aux Etats-Unis. Forever Young, tel est le début de son sermon, volontiers incisif, où il donne l'exemple du Pape ou de Mère Teresa, profondément jeunes dans leur coeur car habités de la jeunesse et de la joie de Dieu qui est la jeunesse eternelle. Et la Sainte Vierge Marie est le modèle de cette jeunesse et de cette joie qu'elle nous communiquera si nous nous abandonnons à elle. Un vibrant et solennel Salve Regina clôt notre prière.
16 aout : Bonn
Apres une messe basse à Düsseldorf, nous décidons de partir à Bonn en équipe. Une heure de train, gratuit pour les pèlerins. Premiers contacts avec l'ambiance JMJ "made in Cologne" ou Weltjugentag comme on dit ici: chants, danses, cohues, déambulations sans but précis à travers des groupes de toutes cultures menés souvent par un prêtre ou une religieuse tout voile au vent et "hyper détendus". Prendre son repas relève de l'exploit... que nous n'avons pas réussi. Visite de quelques églises, où le plus souvent le Saint Sacrement est exposé, entouré d'un grand nombre de jeunes en prière.
L'après-midi, une messe d'ouverture est prévue dans chacune des trois villes d'accueil, Bonn, Düsseldorf et Cologne. A Bonn, des chorales africaines occupent l'attente avant la messe. Des groupes drapeaux au vent affluent; les couleurs francaises, souvent frappées du Sacré Coeur, sont nombreuses. La pelouse se remplit, nous nous eclipsons pour rentrer à Dusseldorf. nous croisons au passage un cardinal devant lequel nous nous inclinons. Cardinaux et évêques sont touchés par les marques de respect que nous leur témoignons et nous sommes heureux et émus de saluer les princes de l'Eglise successeurs des apôtres. Nous avons le sentiment de les remercier ainsi d'avoir élu Benoît XVI.
Le soir, Juventutem a programmé un concert spirituel. La chorale, aux aubes bleues pour les garcons et aux chappes de meme couleur pour les filles, interprête avec virtuosité un programme très riche, entrecoupé de meditations. Pour finir, l'abbé Pozzetto introduit la deuxieme partie du pelerinage, pour ceux qui nous rejoignent pour la semaine. il donne le ton : les jeunes de Juventutem sont pleinement d'Eglise ; il les encourage à etre fier du qualificatif "traditionaliste", dans le sens ou nous sommes attaches à la Tradition de l'Eglise, comme tout catholique doit l'etre.
17 aout : Düsseldorf
Monseigneur Rifan célèbre la messe. La beaute de la liturgie, bien expliquée par les differents prêtres, seduit même ceux qui n'y etaient pas habitues. Beaucoup se renseignent sur un lieu de messe tridentine près de chez eux.
Monseigneur Aumonier, évêque de Versailles, donne une catéchèse sur le thème de la Foi et de la Vérité, pour Juventutem et d'autres groupes de diocèses français. Après son exposé, il répond volontiers aux questions. Sur le parvis, des petits groupes de Juventutem se forment, clergé en tête, pour parcourir la ville, adorer, réciter le chapelet et chanter. Ils sont tous heureux de temoigner de leur Foi. On les retrouve aux coins des rues, joyeux mais sans tomber dans l'excitation...
Nous avons tous rendez-vous pour des Vêpres Solennelles présidées par Son Eminence le cardinal Pell, évêque de Sydney. L'arrivée du Prélat est fort majestueuse: précédée par un cortège de clercs, la haute silhouette du cardinal est drapée par la capa magna, cape rouge aux reflets chatoyants portée par un servant. L'assistance, très nombreuse,(les australiens sont venus en renfort pour entourer leur prélat)s'unit à la prière de toute l'Eglise et honore solennellemnt l'Eucharistie lors du Salut du Saint Sacrement qui suit. Nous sortons de l'église impressionnés par le faste déployé à l'occasion: ornements magnifiques, perfection de la cérémonie, chorale qui s'est surpassée, abondance d'encens. Tous les sens sont sollicités et portés vers Dieu. Mgr Pell reçoit un acceuil chaleureux à l'extérieur de l' église et c'est à qui le saluera et baisera son anneau le premier.
Nous partons ensuite vers la Domus vitae, lieu qui regroupe des associations promouvant la défense de la vie, de la conception a la mort. Le stand Magnificat, maison d'accueil pour les futures mères en détresse, nous retient longuement. Puis nous discutons avec Dominique Morin qui, malade du Sida, temoigne de sa conversion et prèche pour une société débarrassée de l'impureté ambiante. Il nous fait remarquer que les associations homosexuelles et libertaires ont precisement financé des publicités géantes faisant l'apologie du préservatif et des comportements à risques en detournant des termes chrétiens. La Domus Vitae abrite aussi un podium où se succèdent conférences et concerts : Glorious, groupe de "pop louange", est programmé en fin de soirée. Dans l'église attenant au forum, l'adoration permanente soutient les equipes d'accueil. Nous récitons un chapelet pour la protection de la vie.
Le 18 août: Cologne
Aujourd'hui départ pour Cologne pour y accueillir le Pape attendu en fin d'après-midi. A la gare de Cologne, une immense étoile identique à celle du logo des JMJ s'étale sur un building: nous sommes arrivés devant la crèche ou plutôt devant la cathédrale qui abrite les reliques des Mages. La queue pour rentrer est déjà bien longue, nous la parcourons en priant le chapelet. Le splendide portail nous accueille:nous sommes sous la voûte de pierre, baignés de lumière, absorbés par la radicale verticalité de la construction. Décolage vers le Ciel assuré ! Les Béninois qui sont avec nous sont muets d'admiration et de dévotion.
A l'intérieur, des groupes se forment, qui prient et chantent. Une immense cortège de pélerins vient se recueillir devant la chasse des reliques. Nous avons le sentiment d'être ces rois et leur théorie de dromadaires chargés de l'or de nos coeurs, de l'encens de nos prières et de la myrrhe de nos sacrifices. Une brève et intense prière et nous voilà portés à l'extérieur.
Juventutem avait prévu une messe un peu en dehors du centre , ce qui nous donne l'occasion de jeter un coup d'oeil sur la ville totalement détruite lors de la dernière guerre mondiale. On se demande par quel miracle la cathédrale a résisté: protection des Saints Rois? Le propre de la messe est celui des la translation de leurs reliques, ce qui nous donne encore l'occasion de méditer sur l'Evangile de l'Epiphanie.
Le déjeuner est encore un exemple de la désorganisation à l'allemande: l'attente s'éternise et sitôt la dernière bouchée avalée, nous filons nous poster pour guetter le Pape. Nous choisissons de ne pas attendre "idiots", c'est à dire de choisir un emplacement dans le centre ville, près d'une église où le Saint Sacrement est exposé. Une partie de notre équipe se poste sous un pont en la compagnie bruyante et sympathique d'Italiens. Les autres poursuivent leur procession et croisent Mgr Rifan près de la cathédrale. Son imposante silhouette majestueuse fend la foule très dense, précédée par un séminariste. Nous sommes ravis de le saluer et de baiser son anneau. Il va rejoindre les autres évêques dans la cathédrale.
Nous nous arrêtons près d'une église mariale où une grande statue de la Sainte Vierge attend avec impatience son fils de Bavière. L'ambiance est bonne enfant: on peut lire sur une fenêtre:"Papst party". Prières et slogans affectueux envers le Pape se mêlent. "Benedetto" est attendu avec impatience.
Le voilà qui arrive!!! [video sur KTO] Les vivats s'intensifient. A trois sur une chaise branlante, nous l'apercevons quelques secondes. Il a l'air très détendu et son sourire magnifique illumine les coeurs... Notre doux Christ en terre...La papamobile toute vitrée s'éloigne, trop vite à notre goût. Il a un geste de salutation touchant envers sa Sainte Mère. Il est parti... [Adresse du Pape aux jeunes en arrivant à Cologne.]
C'est la cavalcade vers le métro: il ne s'agit pas de se trouver bloquer à Cologne comme certains l'ont été d'autres jours. Non, nous voilà à Dusseldorf à 8 heures: l'heure de déguster un Kebab. Et dans la boutique la plus humble, chez des musulmans qui semblent bien observants, un dominicain et cinq pélerins entonnent un vibrant benedicite. Nos hôtes sont ravis: il nous faut être fiers de notre Foi et savoir en témoigner. Deo Gratias pour cette journée!
Le 19 août: Dusseldorf
Journée ordinaire de JMJ: messe matinale, suivie de la catéchèse de l'évêque de Moulins, ce qui nous donne l'occasion de croiser d'autres pèlerins francophones et de partager nos points de vue. Les questions posées sont intéressantes à écouter et donnent le tempo des interrogations de jeunes face à la foi et à la morale: comment vivre sa foi de jeunes aujourd'hui... Les questions tournent autour de ce point.
Nous portons nos pas vers l'église Saint Lambertius animée par les soeurs de Mère Teresa. Leurs silhouettes blanches et bleues sont ensevelies de silence et de recueillement devant le Saint Sacrement. Beau mystère de cet ordre hautement actif qui puise sa force dans l'Adoration et la prière. Les jeunes sont nombreux dans l'église et autour des stands. Et pour allier le geste charitable à la parole, à la maison du pélerin, de sympathiques et alléchants gâteaux allemands nous tendent les bras à la sortie de l'église.
L'après-midi, vêpres initialement prévues avec le cardinal Arinze. Fatigué, il s'est décommandé. Nous sommes déçus, surtout les Africains de Juventutem. Mgr Rifan le remplace. La foule de fidèles est très importante et s'entasse dans l'église ! On reconnaît le Père Abbé du Barroux à une place d'honneur dans le choeur.
L'orage qui menaçait se déverse en un déluge de grâces: c'est normal, un frère dominicain redonnait sa conférence best seller sur les fins dernières. L'inquiétude est vive quant au temps pour le week-end! Le soir, nous confions les fruits spirituels de ces JMJ et tout particulièrement de ces rencontres avec le Pape lors d'une courte veillée de prière. Il est temps de se coucher: demain réveil à 4h 30 !
Le samedi 20 août: Marienfeld
Il nous faut boucler les sacs, vider et nettoyer les lieux en un temps record.
Pari tenu ! Nous retrouvons les deux cars de pèlerins venus de Paris pour le week -end devant la paroisse Saint Antonius pour la messe. La chorale se déchaîne pour un Gloria éblouissant de plusieurs dizaines de minutes... Ma voisine me glisse: "Rien que pour cela, cela vaut la peine d'être venue !" Après la messe, cavalcade à plusieurs centaines vers la gare: il s'agit de s'installer dans le carré B 12 qui nous est attribué, situé à 400 mètres de l'Autel. Notre patience dans un tacot bondé qui se traîne, notre rapidité à parcourir les 3 kilomètres de la gare au terrain de Marienfield, notre persuasion pour inviter à se serrer des pèlerins déjà indûment installés à cet emplacement, rien n'y fait. Il s'avère trop petit pour loger le quasi millier de Juventutem. La mort dans l'âme, nous déménageons pour des lieux plus tranquilles, mais plus éloignés. Nous sommes entourés de différents groupes du Chemin Néo-cathécuménal. Celui de New-York nous fait penser aux Franciscains du Bronx...
L'attente s'installe, que nous trompons en priant et en discutant, dans le bruit et l'agitation ambiants. Vers 20h 30, la rumeur et les écrans géants l'annoncent: Benoît XVI est arrivé !!! Sa papamobile gagne rapidement - trop rapidement pour tous ceux qui ne l'ont pas saluer en direct - le dais qui, sur une colline artificielle contenant symboliquement la terre natale de cinq continents, domine de plusieurs dizaines de mètres l'immense terrain où s'entassent les 700 000 jeunes. [Video de KTO]
La veillée commence, assez festive tout d'abord : danses, chants, jonglerie. La bougie que tient chaque pélerin s'allume, comme autant de centaines de milliers de flammes d'amour. Le recueillement culmine à la fin pour un bref Salut du Saint Sacrement. Le Tantum Ergo est entonné. [Adresse du Pape]Quand le Pape se retire, l'ostensoir est porté vers une tente consacrée à l'Adoration. Un quart d'heure plus tard, celle-ci est prise d'assaut: il faut plusieurs dizaines de minutes pour y accéder. "Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation" Oui, à Marienfeld, nous avons su prier une heure avec Jésus. A deux pas, la tente de la confession en toutes les langues ne désemplit pas, véritable Tour de Babel de la Miséricorde de Dieu.
Des groupes de danse se forment, au son des tambourins et des chants spirituels. Il faut exprimer sa joie...et se réchauffer en cette nuit glaciale. Les Mages adorateurs silencieux rejoignent les bergers de la crèche qui s'en retournent en louant Dieu.
On tente de dormir dans le tumulte, parfois sous des abris de fortune pour les plus chanceux. La fatigue aidant, le sommeil vient très vite.
Le dimanche 21 août: Marienfeld
Vers 7-8 heures le camp s'éveille, frigorifié mais toujours souriant. C'est la course aux vendeurs de boissons chaudes, pris d'assaut. Les pélerins se massent le long des allées, dans l'espoir hypothétique que le Pape passe... Pour nous ce sera peine perdue, mais le coup d'oeil est plaisant avec tous ces drapeaux aux couleurs de la France, toutes ces bannières des Saints. Les délégations françaises sont d'ailleurs très bien représentées à travers tous les carrés.
La messe commence [video de KTO], l'émotion est grande. Nous admirons le choix des vêtements liturgiques du Saint Père: hier, le même camail et la même étole que le jour de son élection, aujourd'hui, une digne sobriété pour lui comme pour les prêtres assistants, en soutane et surplis hier et aujourd'hui en chasuble blanche avec une bande dorée horizontale sur les bras et une verticale sur le devant formant une croix quand ils joignent les mains.
Le Kyriale est en latin, accompagné par une musique rappelant les cinq continents: Jazz et rock pour le Kyrie et le Gloria, sonorités asiatiques pour le Credo, tam-tam et musiqu es aborigènes ne sont pas oubliées. L'Evangile est lu en français. Le sermon alterne toutes les langues. Après un début très général sur l'Eucharistie mystère d'amour, le Pape rappelle de façon simple mais bien explicite l'obligation d'un culte régulier rendu à Dieu par la messe de dimanche. Les parties les plus nettes et les plus engagées déchaînent des tonnerres d'enthousiasme dans la foule. Les jeunes ont tant besoin d'encouragements à s'engager radicalement dans la voie du Christ! Il nous invite à être missionnaire parmi nos cercles d'amis. Le canon prononcé en allemand est le canon romain. Pour la communion, des escouades de prêtres viennent porter aux pélerins le Pain de Vie .
La messe s'achève: on démonte le logo des JMJ: le C du Christ, l'eau, l'étoile, les tours. Le Pape nous invite, à l'exemple des Rois Mages, à nous en retourner chez nous par un autre chemin, celui du Christ que nous avons rencontré personnellement.
Nous quittons rapidement les lieux le coeur plein de joie, de grâces, de forces pour porter la Bonne Nouvelle au monde qui l'attend, assoiffé et désemparé.
La cohue à la gare est inimaginable. Après deux heures d'attente infructueuse, on nous donne l'ordre de faire demi-tour pour attendre un train que Juventutem, on ne sait par l'intercession de quel saint, a réussi à obtenir. On apprendra plus tard que les derniers ont quitté les lieux vers minuit! Nous voici tous rassemblés pour la dernière fois à Düsseldorf: les coeurs sont bien gros à l'idée du départ.
Nous avons vécu quinze jours dans une telle ambiance de saine et sainte joie, de parfaite communion de coeur et dans le même désir de sainteté que la séparation est dure, même pour ceux qui avaient "atterris" à Juventutem sans trop qu'ils sachent pourquoi. Des coordonnées s'échangent: il s'agit de nous porter les uns les autres dans la prière, dans l'amitié par la Communion des Saints et par Internet! Nous sommes bien sûr très reconnaissants envers tous ceux grâce à qui cette belle aventure à été possible: les organisateurs en premier lieu et l'on ne dira jamais assez les difficultés que Julien, Françoise, Catherine, Fabien, Guillaume et les autres ont aplanies. Nous sommes aussi très heureux d'avoir pu vivre ces deux semaines entourés de tant de prêtres et de séminaristes souvent presqu'aussi jeunes que nous(les prêtres du III ème millénaire!), qui nous ont fait partagé leur joie de vivre et leur amour de Dieu. Et surtout toutes nos actions de grâce vont vers Notre Très Saint Père tant aimé qui nous a accueillis et qui nous invite si résolument à suivre le Christ. Merci Benoît XVI, de nous enseigner si clairement les chemins du Ciel et de nous sanctifier en nous donnant le Corps du Christ!
Un dernier "Je vous salue Marie", un dernier vivat pour notre Saint Père, nous montons dans le car et c'est fini, les JMJ de Cologne 2005. Non, cela ne fait que commencer: le monde attend le passage des saints, le monde attend son étoile qui lui montrera la crèche où il adorera son Dieu.
Claire
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